Compilation des mots de la nuit à bord de l'imoca foussier - mon courtier energie !
08/11/2023 17:15TU
Sujet : J+1 à bord de FOUSSIER - Mon Courtier Energie
Et bien ça secoue toujours à bord de l'Imoca FOUSSIER-Mon Courier Energie.
Au mieux ça danse ; au pire ça tape, ça mouille, ça caille !
Pas le choix il a fallu s'amariner vite depuis ce magnifique départ au large du Cap de la Hève. Moment incroyable, aux avant-postes au top départ juste avant le lâcher de taureaux.
Il y a du match dans le match entre les bateaux à dérives et c'est plutôt chouette.
Le départ au coude-à-coude avec Guirrec et Bilou, le Cap Lévy avec Violette et Damien jusqu'à la pointe de La Hague, et aujourd'hui avec Fanch & Aymeric !
Nous avons passé Cherbourg au coucher de soleil entre quelques grains bien humides, visité les anglo-normandes de nuit avant de prendre ce premier front au large des côtes bretonnes qui a soufflé comme prévu jusqu'à 50 nds dans les plus fortes rafales.
Côté matériel, rien à déploré, actuellement enfin sur ce long tribord pour attaquer le golfe de Gascogne, nous nous relayons pour tenter de récupérer un peu de sommeil et faire remonter notre niveau d'énergie bien attaqué la nuit dernière. Côté stratégie, nous surveillons de près l'évolution de la situation au large du Portugal avant de se décider. Suspens...
Nous avons commencé à compter les points. Je me suis permis un petit sur-patage sans conséquences en plein excès de confiance et le bateau nous a joué quelques petites blagues avec les prises de ris, Seb de son côté se tient à carreaux, reste appliqué et fait ce qu'il peut avec nous deux...
Notre danseuse tahitienne de la plage arrière n'a pas supporté les 24h de plantage de pieux, de rinçage glacial et il ne nous reste plus que sa paire de jambes tristes et immobiles.
09/11/2023 07:52TU
Sujet : J+2 à bord de FOUSSIER - Mon Courtier Energie
On prend les mêmes et on recommence.
Même force de vent entre 22 et 38 nds, jolie houle, cap au Sud-Ouest direction le large du Cap Finisterre.
Tout va toujours bien à bord, le safran sous le vent nous a donné du fil à retordre dans l'après-midi d'hier, l'occasion de jouer avec nos outils ! Heureusement cela n'a pas généré d'autres dégâts qu'un peu de ralentissement et de perte de temps. Le bateau est de nouveau à 100% et nous le poussons pour gagner au plus vite vers le Portugal.
Nous avons pu bien nous reposer, des forces, nous sommes sur un bon rythme au niveau des quarts et les températures sont bien remontées. Cela ressemble pas mal à la définition du bonheur même si nous continuons de pencher beaucoup et de taper un peu !
10/11/2023 23:20TU
Sujet: J+3 à bord de FOUSSIER-Mon Courtier Energie
Nous voici escortés de 3 bateaux !
Monnoyeur nous ouvre la voie avec un météorologue avisé à son bord...ça rassure, Medallia a fait demi-tour pour venir nous challenger un peu :) et Fanch et Aymeric refusent de nous lâcher la grappe.
Il ne peut donc rien nous arriver. Si ce n'est que le vent est "merdique à souhait", je n'ai pas d'autre mot pour le décrire... Que ce soit en intensité ou en direction, on ne sait plus où donner de la tête pour tenter de garder une vitesse la plus stable possible au bateau. Le tout dans 4-5m de houle, c'est mission impossible. Un genre de stop and go avec en plus un balancier latéral de qualité.
En bref, tout va toujours bien à bord, mais on râle un peu pour le plaisir. Nous visons une manoeuvre vers 6HUT mais je ne vous dis pas laquelle, ça gâcherait la surprise !
Belle nuit à vous !
10/11/2023 23:34TU
Sujet : N+4 à bord de FOUSSIER-Mon Courtier Energie
Nuit +4, je ne sais pas pourquoi j'écrivais J+ alors que les mails partent systématiquement la nuit.
Spéciale dédicace à Guillaume Pirouelle et tous les équipages mixtes de la Transat Paprec (Violette, Anne-Claire, Basile, Pierre, Gaston, Corentin, Loïs) la musique fait son entrée sur FOUSSIER-Mon Courtier Energie avec "La Kiffance" :) suivie de "La Tribu de Dana"... un petit "Stromae", un sans faute en somme. Nous sommes au près tribord amure depuis 11H ce matin et nous virerons demain soir, il était important de pimenter un peu cette magnifique nuit.
A force d'avoir des journées pleines de bruines et des nuits lumineuses, on commence à avoir un rythme bien décalé. A croire que la bouboule de feu qui est censée nous réchauffer de jour et nous permettre de faire sécher nos affaires nous boude. Ce n'est pas faute de lui courir après en faisant route au sud !
Bref il y a de l'ambiance sur cet Imoca, on aimerait la partager avec vous mais nous galérons à faire partir des vidéos... dossier en cours de gestion, Stay tuned comme ils disent, on ne lâche rien !
A très vite,
Boujou bien
12/11/2023 02:12TU
Sujet : N+5 Service après-vente des émissions Bonsoir OU into the wiiiiild
- Service après-vente des émissions bonsoir ?
- Bonsoiiiir, bah alors, tu viens plus aux soirées ? Hier on a joué à un jeu, ça s'appelle cap au Nord ! J'ai tenu la barre toute la soirée...
Et tu sais quoi, il y a deux nouveaux foilers qui se sont à nous ;) les Juju et Seb & Iker. Plus on est de fous plus on rit !
Vous l'aurez compris, nous avions des problèmes de connexion, mais il paraît que c'est pareil pour toutes celles et ceux pourvus du même système...
Je ne sais pas si c'est rassurant, mais c'est dommage. Bref, "laissez la police faire son travail, nous reviendrons vers nous avec de plus amples informations" nous disent les techniciens alors on obéit. Quoi qu'il en soit, les images ont fini par partir, Mathilde attend fébrile devant son ordi et le serveur de la course, soyez certains que lorsqu'elle les recevra elle bombardera les réseaux !
Un peu d'humour pour faire passer le temps c'est toujours mieux que de taper sur l'antenne avec une clef de 12 ou de secouer le clavier de l'ordi qui n'y est pour rien lui.
En parlant d'humour... Côté faune sauvage océanique, nous en sommes à 2 poissons de pont, l'un volant relâché vivant, l'autre à bec n'a pas eu cette chance.
Côté faune sauvage... sauvage, merci Chloé pour cette magnifique girafe qui a illuminé notre journée, c'est sans aucun doute la plus belle de touuuute ma collection (que je vais commencer maintenant que j'en ai deux). En espérant qu'elle arrive avec toutes ses pattes en Martinique ! On la surveille de près et nous veillons à sa sécurité à chaque instant (pour comprendre il faudra attendre les fameuses photos)
Côté flore, nous avons ouvert la saison de la cueillette des myrtilles. Les petites baies déshydratées de mes petits déj se sont fait la malle dans le bateau... laissant de jolies traces colorées violettes virant vers le bleu.
Seb n’a pas l'air trop d'accord pour que je me lance dans une oeuvre d'art rupestre ou 2, il me reste la traversée d'un océan pour le convaincre, j'ai bon espoir !
Côté sport, nous pointons ce soir à la 10ème place, une jolie remontée au classement due à notre choix de route plus proche de la route directe, reste à la défendre jusqu'au bout !
Nous pointons notre étrave droit vers le très bel archipel des Açores que nous atteindrons dans la nuit du 13 au 14 novembre. Plus particulièrement vers l'île de Santa Maria au Sud de laquelle nous devons impérativement passer, elle vient remplacer les îles de Sao Pedro et Sao Paolo initialement prévues avant que le tempête Ciaran vienne perturber notre programme.
...on a les refs que l'on mérite !
13/11/2023 06:20 TU
Subject: N+6 Quand la routine appelle le doute...
Nous avons fait le choix de cette option Nord en pleine conscience et en prenant en compte la situation météo et les capacités de notre cher Faroha.
Nous avons poussé les premiers jours sur une trajectoire convergente afin de pouvoir choisir jusqu'au dernier moment si une porte vers les alizés de la route sud s'ouvrait devant nous.
Ca n'a pas été le cas.
Depuis, nous soignons notre trajectoire, nous essayons de garder la tête froide face à un vent parfois très variable, trop variable pour être 100% de temps avec notre toile optimale.
Par 2 fois nous nous sommes fait avoir aujourd'hui : "alors attends le vent mollit, faut que je lâche le ris sauf que cette molle est pas prévue, donc ça doit être passager, je vais temporiser un peu." Sauf que temporiser, ça veut dire finalement accepter d'avancer au ralenti, et nous n'aimons jamais trop ça. Ca dure, on tranche, on lâche le ris et même pas 30 secondes plus tard, le vent remonte en rafales à 20 nds. Or, comme on le dit souvent en bateau à voile, "faire et défaire, c'est toujours faire !" inspiration-expiration, on redéfait. Et quelques minutes après, le vent mollit encore... Bref, parfois on a l'impression de se battre contre le vent et nous-même plus que contre de féroces adversaires.
A ces phases un poil agaçantes vient s'ajouter le syndrôme du doute, le fameux "et si ?" largement exacerbé lorsque nous sommes le moins occupés à bord. Par exemple quand nous faisons un bord de tribord au près de plusieurs jours consécutifs :)
Grâce aux fichiers de positions des concurrents disponibles toutes les heures, nous pouvons suivre également la progression des partisans de la route sud à distance. Nous voyons si l'anticyclone qui leur barrait la route les a beaucoup ralentis... ou non. Notre logiciel de navigation qui nous aide à choisir notre route optimale, nous permet également de router nos concurrents. Et selon l'évolution de la situation météo générale, l'option qui ne passait pas pour nous il y a 3 jours semble s'améliorer.
Alors il y a deux positions à adopter :
-> le fatalisme optimiste
-> l'angoissé des "si" pour lequel le champ des possibles est infini, allongé dans a bannette, les yeux grands ouverts fixés sur le maillage de carbone juste au-dessus de sa tête.
Pour ma part j'opte pour la première. La décision a été prise, sur le moment c'était la bonne selon nos critères. Faisons en sorte qu'elle le reste en peaufinant nos réglages, nos trajectoires et finalement en gardant le même cheminement de prise de décision.
Concernant la partie technique, nous avons profité du temps sec et beau pour effectuer quelques petits bricolages à bord afin de maintenir le bateau à 100%. Jusqu'ici tout va bien !
La journée à venir s'annonce très sympa, nous allons enfin doubler les Açores, les prochaines terres en vue après seront les îles des Caraïbes !
Si ce n'est que les Juju ont signalé un objet non identifié pile poil sur notre route. [Un bouton a été ajouté dans nos logiciels permettant de signaler les dangers croisés, les bancs de cétacés ou autres mammifères marins avec lesquels nous essayons au maximum d'éviter les collisions. Lorsque nous activons un "hazard" tous les concurrents de la course y ont accès et peuvent augmenter leur vigilance lorsqu'ils passent à côté d'un signalement. Cela vient bien compléter le système de détection par caméra avec alarme "Oscar" (sea.ai).]
On se croirait dans Mario Kart : les adversaires larguent des objets derrière eux sauf que l'on ne sait pas si c'est une tortue, une bombe ou juste une peau de banane... alors que ça fait toute la différence !
Le suspens reste entier, heureusement nous passerons de jour ! Nous n'avons pas lancé de calculs de dérives, mais la logique voudrait qu'il soit déjà loin.
Bon petit-déjeuner à toute et à tous !
14/11/2023 05:15TU
Sujet : N+7 Transition intransigeante au sud des Açores !
Aujourd'hui c'était ménage de printemps, shampoing, la fête quoi ! Enfin ça c'était la belle vie du matin.
L'après-midi a été un poil plus complexe, et c'est en "low battery" que je vous écris ce soir (en cours de recharge évidemment:) !
Nous avons eu de l'action comme prévu au Sud des Açores avec un passage de front un peu particulier et bien exigeant. Voyant nos prédécesseurs lutter pour maintenir de belles vitesses, et notamment Sébastien et Iker un peu tankés dans notre nord-ouest, Seb s'est lancé dans une analyse assez poussée de ce qui nous attendait et grand bien lui en a pris. A peine a-t-il fini de m'exposer ses conclusions que nous visualisons ce front puisqu'il se matérialise par une belle bande nuageuse sombre que nous longeons dans son sud. On répète la manoeuvre, qui n'est autre qu'un simple virement, sauf que réalisée au mauvais moment ça peut être catastrophique pour les heures suivantes.
Le virement passe en priorité, devant déballastage, matossage et autres joyeuseutés du bord.
Ca ne rate pas, le front nous fond dessus, le vent forcit, tourne, mollit. Nous virons et derrière, c'est presqu'une heure qu'il nous faudra pour retrouver une configuration normale.
Nous sommes heureux de notre choix, un poil vexé de ne pas avoir anticipé quelques minutes de plus mais le principal est que nous nous éloignons du "pot de pue". Nous nous organisons pour tout remettre à l'endroit dans ce bateau !
Séb dedans vide et rempli les ballasts à l'envers, moi dehors essaye de reprendre tous les réglages dans un vent pas calé du tout et une très belle bruine avec pour seul objectif, continuer de faire une belle route la plus rapide possible. Une fois nos tâches respectives terminées, on se retrouve pour le matossage et là c'est ambiance salle de sport à bord ! Habituellement on le cale avant le virement, de haut en bas, la gravité nous aide pas mal. Ici, c'est l'inverse et ça pimente beaucoup l'exercice. On part d'en bas et on remonte la pente !
On tire, on jette, on porte, on range et on répète le tout une vingtaine de fois soit le nombre de sacs divers et variés. Nourriture, bouts, accastillages, pièces de rechange, la liste est longue... Le meilleur est bien entendu pour la fin : remonter les voiles non utilisées dans les bailles prévues pour ça. Finalement ça nous parait presque facile, mission accomplie, on se sépare, l'un prend son quart et l'autre va se reposer.
Il le faut car la nuit va être encore rythmée par les prises de ris dans la grand voile, la tombée du J3, la perfo et la surveillance de la belle dépression en formation dans notre ouest qui nous permettra dans quelques jours de redescendre vers les îles de la Caraïbes.
Allez, je vais me brancher,
Bonne nuit !
15/11/2023 01:56TU
Sujet : N+7 FOUSSIER - Mon Courtier Energie en mal de mât
Cela faisait deux jours qu'il nous regardait de biais, la gueule de travers...
Pièce essentielle de la tenue du mât, un de nos diagonaux (câble qui part d'un bout de barre de flèche à l'intérieur de celle supérieure) avait piteuse allure depuis quelque temps. On le sentait de plus en plus brinqueballant. Nous avons donc porté une sérieuse attention dessus car il y a des sujets avec lesquels on ne peut pas jouer. Mal ou bien nous en a pris puisque ce matin le constat était sans appel, il était bien plus détendu que la veille.
Branlebas de combat, on sort l'artillerie lourde pour une première inspection... enfin on programme de le faire après une petite visio en live avec les chouettes partenaires du projet et nos proches.
Petit rangement de circonstance, la visio se passe très bien, Mathilde gère la présentation et nous pose les questions tour à tour. Vient le moment des mercis et des au revoir, je vois par-dessus le téléphone notre aérien qui s'emballe en passant de 15 à 100 noeuds. Une seconde plus tard le pilote décroche et nous fait une jolie pirouette dont lui seul à le secret. Le bateau vire de bord... On bâcle les bye bye après un rapide tour de la situation pour montrer que malgré tout, tout est sous contrôle et on raccroche.
Nous voilà donc, la fête un peu gâchée avec le J2 à contre, les bastaques la quille, le ballast, le matos du mauvais côté. On quille dans l'autre sens, on change de bastaque, on choque la GV et on récupère tranquillement la main sur le bateau pour le remettre cap vers l'ouest. Ca part de là.
Où en étions-nous ? Ah oui, le mât & l'artillerie lourde...
S'équiper pour monter au milieu d'un mât en navigation n'est pas anodin. Il faut protéger un maximum le marin car plus il monte et plus il subira le tangage et le roulis du bateau. Le casque et quelques épaisseurs malgré la chaleur sont indispensables. Seb se prépare enfile tout ça, un baudrier, y harnache un sac d'outils. Nous passons en configuration de voile light : GV 3 ris afin que le bateau soit le plus stable possible ou du moins le moins instable... question de point de vue.
C'est parti pour une première heure. Cap au nord, lents, autant vous dire qu'à ce moment-là, nous devons accepter que nos adversaires ne nous attendront pas gentiment au stand et ça n'est pas facile à digérer même si le sportif est alors mis entre parenthèses. Seb démarre son ascension, commence par le haut, observe, analyse, essaye d'intervenir, redescend au point de fixation bas. Une heure s'écoule en altitude. Pieds de nouveau sur le pont, nous envoyons les constats à l'équipe technique qui se met en relation avec le gréeur & nous renvoyons de la toile, cap à l'ouest encore, en attendant nos réponses.
De notre côté, nous connaissons les conditions qui nous attendent dans les jours à venir et il est clair pour nous que nous ne pouvons pas passer la dépression du 16 sans que cette partie structurelle soit de nouveau tendue. Les retours arrivent, on ne tergiverse pas, on sait que le créneau de calme c'est maintenant, qu'il fait jour pendant encore deux heures, il ne faut pas traîner.
On change de bord, on affale totalement la GV pour soulager toute la tension du gréement en espérant que cela suffira. Cap à l'est cette fois-ci, juste poussés par la houle et le fardage du bateau. Rebelote, l'équipement, les outils, l'ascension, l'heure de bricolage en altitude. Seb redescend, l'opération s'est bien déroulée, nous sommes heureux. Lessivés mais heureux. Nous pouvons reprendre la course sans craindre le pire au milieu de nulle part. OUF
Un dernier effort, on tourne, on renvoie le J2, la GV : Route - Réglages - Rangement. Nous envoyons un message à l'équipe pour rassurer tout le monde. Nous voici de retour en mode compétitifs.
De notre côté, une fois tout remis en ordre, on s'offre un rapide apéro soda de 5 minutes chrono, on trinque, on se briefe pour la suite et comme la veille, on se sépare. L'un prend son quart, l'autre va se reposer.
ETA de la prochaine bataille : la nuit du 16 novembre au matin, nous avons 30h pour recharger les batteries et rendosser nos cirés de combattants.
Bonne nuit, nous vous la souhaitons calme et paisible !
16/11/2023 07:09
Sujet : N+8 Rêve de reeching !
La journée d'aujourd'hui a été assez paisible entre récupération, changements de voile habituels, un ris pas de ris, J3 ou J2...
Beau temps, belle mer légèrement formée, vent variable entre 12 et 22 noeuds, devrait fraîchir dans la nuit.
Toujours au près bâbord légèrement débridé pour faire route rapide vers l'ouest, aller se prendre ce front et virer, ouvrir les voiles, accélérer... enfin !!!
Puis, Seb est retourné faire une courte vérification dans le mât pour évincer les derniers doutes... Un instant j'ai presque cru que ça devenait une routine, sauf que qui est-ce qui est derrière la colonne pour le faire grimper ?? Bibi !
Et à chaque montée, ça veut dire manoeuvre, réduction de voilure, en somme une bonne séance de préparation physique, Ronan et Stéphane, je pense fort à vous à chaque tour de colonne ! Marion, Jean-Marc et Samuel, je penserai à vous quand je ferai ma petite natation du matin et du soir en mode snorkling en Martinique, mais je m'égare, chaque chose en son temps ;)
La fin d'après-midi a été consacrée au rangement, à la préparation du coup de vent à venir cette nuit et demain. Et si chaque mille perdu est une micro-torture qui vient titiller nos ambitions sportives un peu mises à mal pour le moment, on ne peut s'empêcher maintenant de rêver à ce moment où nous allons virer.
Et enfin, enfin après tout ça, 9 jours de près, tirer la barre et accélérer à fond les ballons, sentir le bateau qui se redresse un peu au fil des jours, et qui surfe les vagues de plus en plus, sortir les toiles de reeching puis de portant. Analyser la suite et la fin scrupuleusement car tant que la ligne d'arrivée n'est pas franchie, tous les espoirs sont encore permis. Pour le moment la situation météo d'arrivée n'est pas calée entre les modèles de vent et elle évolue chaque jour. Le suspens reste entier et nous avons plus que jamais le couteau entre les dents.
Update, il est 7H00TU ça fuse dans 30 noeuds, virement avant midi !
Bon petit déj !
17/11/2023 00:58
Subject: Rugby VS Voile = un jour de baston
Amis du soir bonsoir,
Comme vous aurez pu le constater, nous nous sommes payé le luxe de quelques détours avant d'affronter ce front bien actif... Mais on a fini par l'avoir enfin ! Une mer blanchie par la pluie, des éclairs et du tonnerre, il était actif celui-ci. Comme promis, derrière lui, le vent capricieusement mais surement entame sa rotation vers la droite ; l'ouest cette nuit, le nord demain, de quoi nous permettre d'orienter de nouveau notre étrave vers la Martinique...
Et voici l'ambiance d'un passage de front, qui décrit une partie de ce que nous avons vécu ces 10 derniers jours sur la route nord de cette Transat pas comme les autres :
Définition d'un ballon de rugby (réminiscence de mes années de STAPS = professorat d'EPS pour les non initiés ;) : référentiel bondissant à trajectoire aléatoire.
Ca me fait penser à notre monture !
Alors on tente de lui donner un cap, qu'elle ne rebondisse pas de vague en vague telle un cheval fou. On lui met des bornes pour aller vers des objectifs intermédiaires.
Pour le reste, quand on change de cap ou que l'on décide d'hisser ou d'amener de la toile pour nous adapter aux conditions, c'est toujours en équipe, c'est toujours stratégique.
L'équipe est réduite certes mais c'est une équipe quand même !
Ca envoie du sac à matos, ça porte, ça plaque, ça jette des voiles à travers le bateau pour matosser d'un côté puis de l'autre. On a un petit banc de récup' en extérieur plutôt confortable avec vue sur lequel on sirote notre eau filtrée agrémentée de quelques nutriments complémentaires.
C'est juste que le match est un peu plus long, qu'une seule pizza ne suffira pas et que la bière de récup' est totalement proscrite tant que nous n'aurons pas mis un pied à terre !
En attendant, bon sport à toutes celles et ceux qui savent et BIG UP aux "profs de gym" qui dispensent le goût de l'effort et du dépassement de soi.
Ceux-là même qui nous ont porté depuis 3 jours maintenant à tenter de résoudre les divers problèmes qui se posaient à nous.
Sur ce, bonne nuit à toutes et tous !
18/11/2023 02:21
Sujet : N+10 FOUSSIER - Mon Courtier Energie en rééducation de sensations !
Ca y est, ce n'est plus confidentiel, nos mésaventures techniques ont été révélées...
Ce mât donc qui a failli un moment nous échapper, encore, mais de manière plus radicale qu'un câble dévissé. Cette fois-ci, c'est notre étai principal qui ne tenait plus que par "un fil" (brêlage entre la voile J2 et la galette d'enrouleur) alors que nous étions en plein reeching, à l'attaque du front, dans 25-30 noeuds de vent, pressés d'en découdre et d'envoyer les voiles de portant.
Au lieu de cela, c'est une séance de bricolage intensive de 10H à laquelle nous avons eu le droit. Satisfaisante parce que notre système semble tenir de jour en jour alors que lentement, nous augmentons la charge de travail de notre espar. Ca c'est le premier sentiment positif après autant d'acharnement et d'énergie dépensée. Ensuite vient la frustration issue d'un constat simple : la tête de la course s'est échappée définitivement.
Aujourd'hui, nous étions et nous sommes encore en rééducation de sensations.
Nous avons commencé petit, avec 2 ris ans la GV et le J3, puis le vent a molli alors nous avons renvoyé un ris puis l'autre, "ça tient".
Notre nouveau système de fixation de J2 ne bouge pas d'un pouce, "ça tient".
Enfin le vent tourne en notre faveur et nous envoyons le FRO notre voile de portant serré la plus plate. "ça tient" toujours, le bateau dépasse enfin les 15 noeuds de vitesse. Nous ne savons même plus depuis quand nous n'avons pas ressenti cette glisse, nous sommes presque euphoriques et émus de ce moment. Un banc de dauphins surexcités vient fêter ce moment avec nous, nous offrant des sauts incroyablement hauts.
La nuit tombe et le vent tourne encore, les choses plus sérieuses commencent.
Sur le FRO, la voile est montée sur un câble tendu. Sur le spi, pas de câble et un bord d'attaque plus "souple".
On ne tergiverse pas des heures, nous voulons continuer d'avancer le plus vite possible vers l'arrivée. Nous enlevons les drisses mise par sécurité à l'avant, on tombe le FRO, on prépare le spi, on l'envoie et c'est parti.
"ça tient" Nous avons entre 16 et 23 noeuds de vent, une longue houle à gravir. Le bateau file souvent autour de 15 noeuds et peut surfer jusqu'à 20 noeuds. L'exercice est grisant mais également stressant. Nous avons augmenté l'intensité de la charge d'un cran supplémentaire et cela fonctionne bien.
Il va nous falloir encore quelques quarts pour nous habituer à ces nouvelles sensations, à ces nouveaux bruits, mais le sentiment d'avancer enfin vers la Martinique prédomine et ça c'est vraiment chouette. Nous avons toujours le couteau entre les dents. On a juste pour l'instant, temporairement, un peu moins d'énergie pour serrer les dents. Il semblerait que ces derniers 4-5 jours aient eu un impact plus important que ce que nous pensions. Alors on remet du rythme. Route / Réglages / Rangements, Quarts / Siestes / Météo.
"ça tient" et c'est bien le principal.
A demain !
20/11/2023 01:56
Sujet : N+12 Fullmoon party à bord de FOUSSIER - Mon Courtier Energie
Cela fait maintenant deux jours que nous goûtons aux joies de la glisse.
Et deux nuits que nous voyons enfin devant nous.
Ce soir en particulier, nous faisons cap au 235° avec comme amer la lune, droit devant !
Quel pied ! Nous sommes sous FRO depuis le milieu d'après-midi. Le vent fort ce matin, est devenu capricieux en fin d'après-midi et cette nuit, c'est un vrai ciel d'alizés, avec de gros grains capables de nous faire monter la force du vent de 9 à 20 noeuds en quelques secondes. En moyenne pour le moment, nous avons le droit à un grain par quart. Celui qui se reposait à la bannette se fait gentiment extraire de son aplat douillet grâce à la brusque gîte que prend le bateau ans l'accélération. Et quitte à être debout autant donner la main au second qui a déjà préparé la prise de ris. Dix minutes plus tard, retour bannette. Repos jusqu'au prochain.
Grande nouveauté également aujourd'hui, nous avons pu prendre une douche, avec le savon et tout et tout ! 13 jours que nous sommes partis du Havre, 13 jours que nous nous battons quotidiennement avec nos lingettes ce qui est déjà un début mais ne nous aide pas à nous défaire de ce petit côté poisseux transmis par les manoeuvres et la chaleur. Si la chaleur nous avait bien épargné jusque-là, elle nous a bien rattrapés et les manoeuvres régulières elles ne nous ont jamais manquées.
Objectif New Europe : de nouveau dans la course, capables de mener le bateau à 100%, la compétition a bien repris le dessus. Il y a deux jours, lorsque nous avons envoyé le petit spi, on s'est dit bon, on y va souple, on ne tire pas trop sur le mât... Quelques heures plus tard, dans 25 noeuds établis, nous avions déjà oublié ces précautions (sans quelques rondes de surveillance du grément t toutes nos voiles d'avant hissées en renfort) et comptions le nombre de milles qui nous permettraient de grapiller quelques places d'ici à l'arrivée. Et en cherchant bien il y a bien un bateau ou deux pour lesquels ça vaut le coup de se donner du mal à la tâche. Le premier droit devant, c'est New Europe, plus de 20NM repris depuis ce matin, il est à environ 50NM, il reste 3 jours de course... ça joue !
Le second, plus difficile à cerner puisqu'il est sur le bord diamétralement opposé au notre sur le parcours, c'est Coup de Pouce.
Faites vos jeux, on se retrouve demain pour un point course !
Belle nuit étoilée...
21/11/2023 05:33
Sujet : N+13 Nébulosité et gastronomie
Alors que notre remontée sur New Europe allait bon train jusqu'en début d'après-midi, voilà que nous avons été happés par une masse nuageuse plus que conséquente. En visionnant les images satellites, elle formait une magnifique barrière nord-sud pile poil sur notre route. Résultat, 2-3h heures de molle avec 4 noeuds de vent maximum et notre patience de nouveau mise à l'épreuve. Alors pour ne pas se laisser abattre et garder le moral il ne nous restait qu'une chose à faire. Attaquer nos dernières bottes secrètes gastronomiques...
Petit clin d'oeil à l'ambassade de Bretagne des Halles havraises qui nous a gâté, et à toutes les personnes qui nous ont laissé des surprises culinaires à bord avant le départ. Saucisson de montagne, biscuit de Chambord, assortiments de thés, bonbons... de ce point de vue-là, nous sommes faciles à contenter :) Et lorsque nous déplaçons du matériel à bord, nous ne pouvons-nous empêcher de vérifier si là encore notre chère équipe nous aurait pas laissé de nouvelles surprises. Bon je pense que nous sommes tellement gourmands que nous les avons toutes trouvé depuis belle lurette prétextant chercher tout et n'importe quoi...
Allez, encore deux bords et à nous les délices martiniquais, les fruits frais et un peu de rhum pour faire passer cette transatlantique pleine de rebondissements !
Félicitations aux deux bateaux à dérives qui sont sur le point de franchir la ligne d'arrivée : Benjamin et Pierre sur Monnoyeur et Louis et Rémy sur Fives Lantana qui ont livré une superbe bataille du début à la fin. Leur passage devant le groupe de sudistes nous apporte un peu de baume au coeur, preuve que le choix de la route nord était le bon !
Allez, bonne nuit et petite pensée à ceux qui se relèvent la nuit pour grignoter discrètement, on sait exactement ce que vous vivez :p
22/11/2023 16:35
Sujet : Allô Houston, perte de connexion chez l'Imoca Foussier
Ca sent l'écurie ! Ca y est on a enfin cliqué à droite direction le grand "Sud" un mot que nous n'osions même plus prononcer à bord...
Ca ne s'est pas fait sans quelques moments improbables, on sent à bord un cumul de toutes ses émotions vécues depuis le départ, des galères, des beaux moments, des bons choix et des moins bons, du retour à la réalité qui passera par "Le retour à la base", de l'envie d'aller très très très vite vers la Martinique et de celle de préserver le matériel...Le tout exacerbé par des nuits et des journées mouvementées, pimentées par des grains magnifiques et puissants et par des micros pots au noir comme celui où nous avons fait un petit stop hier soir...
Par chance, mes quarts de la nuit dernière n'ont pas été trop chamboulés par de gros changements de vent, ou du moins j'ai tout de même pu me reposer réellement pendant 2 au moins. Pas possible d'en dire autant de Seb qui en plus de conditions usantes s'offre le luxe de porter toute la responsabilité du bateau, de son projet, des conséquences matérielles, de la communication, et de la prise de décision définitive lorsqu'il s'agit de stratégie météo à bord et j'en passe. Ce qui nous a donné un échange lunaire à bord à propos de ce fameux nuage qui finalement était bien lu par certains fichiers, mais qui nous obligeait à faire un petit détour à 90° de la route. A priori, certaines de nos parties cérébrales n'étaient pas prêtes à accepter cet obstacle, bref, petit manque de lucidité on a été droit dedans...
On se rassure en se disant que c'est sans grande conséquence puisque pour le moment, la route vers la Martinique au-devant de notre trajectoire n'est pas très ventée, alors le fait d'avoir pris un peu de retard devrait nous accorder des conditions plus clémentes pour la fin (oui, vous avez sans doute raison, on se rassure comme on peut).
Oserions-nous aborder le sujet des ETA ? nan parce qu'il faut le dire, les routages convergent malgré tout et nous entrevoyons une arrivée le 23 en fin de journée, on ne sait juste pas bien à quel moment : goûter ? apéro ? dîner ? le suspens reste entier ! (et surtout vous noterez que notre référence reste et restera toujours culinaire)
Sans compter sur la flotte des Class40 qui joue à chamboule tout pour une fin de course haletante. Ca promet un sacré mélange des genres à l'arrivée.
Plusieurs options s'offrent à vous qui êtes sur place :
Trouver un bateau et venir siroter votre apéro en suivant tranquillement nos derniers milles ?
Suivre l'arrivée sur la carto et nous rejoindre au ponton pour le siroter avec nous même si c'est plutôt l'heure du repas ?
Allez, encore un petit peu de patience, nous verrons demain matin en fonction des surprises de la nuit :)
En tout cas, nous avons hâte de vous retrouver, de mettre le pied à terre avant de pouvoir regarder le chemin parcouru du Havre pour aller jusqu'au bout de cette Transat Jacques Vabre ! Une chose est certaine, nous avons vécu bien plus de choses que nous ne pensions en vivre avant le départ !!
Belle journée à vous !
23/11/2023 04:39
Sujet : N+16 Nuits fauves et Réveils à l'ouest
Cela fait maintenant 16 nuits que nous nous relayons en quarts de 2 heures avec plus ou moins de chance selon les humeurs de Neptune et 'Eole !
Si toutes les premières nuits étaient noires d'encre, peu confortables à faire des bonds dans la bannette, nous arrivions tout de même à trouver relativement vite le sommeil et à bien récupérer, les corps fatigués de la vie penchée sur une route nord au près et qui tape et qui tape et qui tape.
Les nuits à l'approche des Caraïbes sont sensiblement différentes. Il faut quasiment jour tant la lune se dévoile chaque nuit un peu plus, chaud, nous manoeuvrons beaucoup, nous sommes moites, mélanges d'embruns, de sueur et de fatigue. Les journées passées sur l'eau se cumulent, le cerveau a accepté tout ce qu'il pouvait et désormais les passages de tour de quart donnent lieu à des échanges improbables.
Réveils à l'ouest : mon top 3 des réveils en speed bye Sébastien MARSSET qui ont fait leur petit effet réveil en quelques secondes :
"Sophie, réveilles-toi on a perdu l'axe de J2 !" s'en est suivi une journée complète de bricolage t de préparation physique à monter/descendre au mât soit les voiles soit mon co-skipper
"Sophie, réveilles-toi le gennaker s'est ouvert en 2 !" s'en est suivi une belle suée pour rouler et rentrer la voile blessée dans l'antre sécurisée de l'étrave u bateau
"Sophie, ACCROCHES-TOI, BALEINE !!!" Et là, à art des palpitations pour Séb qui a sauté sur la barre et évité la collision... Personnellement, j'avais mes bouchons d'oreille et donc j'ai vaguement entendu qu'on m'appelait. Qui ? Quoi ? Comment ? Où ? Ca c'est du domaine de l'insaisissable.
Il n'y a pas à dire, Séb soigne ses invités à bord de FOUSSIER - Mon Courtier Energie, si vous pensiez avoir le temps de vous ennuyer, il vous trouvera toujours une activité ludique, variée, plus ou moins complexe et si vous en venez à bout, vous ressentirez toujours une certaine fierté :)
Passations et hallucinations :
Pour celui qui était sur le pont, c'est synonyme de délivrance, de "go to" à la bannette et le tant convoité domaine des rêves. Pour peu que l'on se soit assoupi une ou deux fois pendant le quart, le corps et le cerveau sont archi prêts à sombrer.
Pour l'autre, celui qui s'extirpe difficilement des bras de morphée c'est une autre histoire qui trompe souvent notre esprit.
De mon côté, cela fait plusieurs rounds où lorsque que Seb va se coucher, j'ai l'impression qu'une troisième personne est là et va prendre le relai... Fausse joie, c'est bien mon tour. L'ombre descend gentiment u bateau et nous laisse de nouveau en duo... Tout va bien...
Ou au contraire, voilà que je me lève, que je me prépare et que Seb me renvoie à la bannette car c'est une heure trop tôt. Bien dans le gaz, je peux lui faire le coup 3 fois de suite "c'est mon quart ? non !" "Et là ? Non, toujours pas !" "Bon allez cette fois c'est la bonne... ? Presque, dans 10 minutes... !" Pour celles et ceux qui se demandaient si ça n'était pas trop fatiguant de naviguer en ma compagnie... :) cela peut vous apporter un élément de réponse !
A l'inverse, il y a des moments où il a fallu jouer de subterfuges pour me sortir de cette toile tendue si confortable : secouage de pieds, alarme puissante, moteur...et j'en passe.
Bref, les nuits laissent toujours autant de place à l'imaginaire et au mystère. Celle-ci est la dernière, je ne lui ai fait le coup que quelques fois... personne d'autre n'est sur le pont pendant que je vous écris, sinon "l'ingénieur" à savoir le pilote.
RAS, tout est sous contrôle !
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